Quels sont les enjeux de cette opération pour l’agence Chabanne ?
Il s’agit d’un projet emblématique pour le site de La Tronche dans la mesure où la ville de Grenoble a toujours été novatrice en matière de qualité architecturale, de volonté environnementale et de forte mixité d’usage des programmes hospitaliers, de recherches et d’enseignements. La qualité architecturale est un enjeu considérable car l’architecte conseil, présent tout au long du concours, est très regardant sur la qualité du fini de cette opération. Ce projet est également très intéressant pour nos équipes car il mêle santé, recherche et tertiaire : trois secteurs qui définissent notre ADN.
Quelles sont les particularités architecturales que requiert un tel centre articulé autour d’une activité de recherche ?
Le centre sera constitué d’un ensemble de bâtiments au sein desquels seront liés les plateformes de recherches, les plateaux tertiaires et les activités de convivialités. La superposition de programmes aussi divers implique des points de vigilance, notamment liés aux trames structurelles, aux flux et aux interactions. Il s’agit d’un programme mixte ambitieux, très riche, qui implique des enjeux différents selon les spécialités, les intervenants et usagers concernés. A l’image de programmes hospitaliers complexes, ce type de projet regroupe une multitude de fonctionnalités car il réunit aussi bien de grandes plateformes de recherches, larges et profondes, que de plus petits bureaux individuels, des open space de travail, des zones réservées pour de la recherche clinique, etc. Cette complexité est intéressante à travailler en matière de conception. Enfin, ce programme est un véritable vecteur de motivation dans la mesure où ce centre réunira, à termes, de la recherche hospitalière et médicale de pointe : notre architecture devra donc permettre à de jeunes chercheurs de développer leurs réflexions dans un milieu propice à leur travail.
Quelles sont les grandes lignes de ce projet ?
Le maitre d’ouvrage est fier, à juste titre, d’instaurer de la recherche en santé intégrative à Grenoble : il a donc souhaité que ce centre reflète la technologie, l’innovation et la qualité de la recherche qui y sera développée. Il sera composé de deux entités. Un premier bâtiment en forme de parallélépipède, correspondant à la plus grande partie du programme, recevra la plupart des plateformes de recherches. Nous avons souhaité qu’il soit le plus flexible possible en matière d’organisation, et sa géométrie simple nous a permis de nous adapter à certaines optimisations de budget lors des différentes étapes du concours.
L’autre bâtiment, « la Tourette », sera lui très élancé. Semblable à une tour, il donnera l’impression de léviter dans les airs, car son rez-de-chaussée, qui accueillera la cafétéria, sera en verre et posé sur un socle de pierres, elles-mêmes issues des bâtiments démolis car nous tenons au réemploi des matériaux. Le socle vitré parcourra l’ensemble des bâtiments et les unira, en soubassement, avec le milieu environnant. « La Tourette » sera composée de calepinages très verticaux et offrira une visibilité sur des éléments en bois, marqueurs de l’ambition environnementale et énergétique du programme.
Justement, le programme environnemental est ambitieux autour de ce projet. Comment cela se traduit-il en matière de contrainte de conception ?
La conception bioclimatique peut être contraignante car nous devons positionner et orienter les locaux et le bâtiment de façon adéquate, tout en choisissant des matériaux adaptés à l’architecture et à l’image du centre. Nous travaillons main dans la main avec notre équipe d’ingénieurs environnementaux intégrés chez Chabanne, dans l’objectif d’optimiser les besoins énergétiques de ce centre. Nous avons prévu des protections solaires adaptées aux façades et nous allons réemployer de nombreuses pierres, recourir au béton bas-carbone et trouver les bons ratios d’éclairement dans les différents espaces.
Les toitures terrasses d’un bâtiment seront totalement recouvertes de panneaux photovoltaïques afin de produire de l’énergie, et l’autre toit sera végétalisé. Cette végétalisation aura également une vertu esthétique, Grenoble étant entourée de massifs, nous nous devons d’adapter notre architecture au paysage environnant. Enfin, l’ensemble des organes techniques sont intégrés dans des volumes bâtis non-visibles.
Comment se sont déroulés les échanges avec les futurs usagers de ce centre et les équipes de l’Université ?
Très mobilisée et très impliquée, la maîtrise d’ouvrage est constituée de spécialistes de l’immobilier, d’anciens biologistes proches de leurs équipes et de responsables des différents services. Nos échanges de qualités nous ont toujours permis de faire évoluer le projet dans le bon sens.
Dans quelle mesure ce bâtiment est-il flexible pour répondre aux futures évolutions des besoins en matière de recherche ?
Les importantes hauteurs de niveaux vont permettre aux plateformes de recherches d’être très flexibles. La trame structurelle est également très simple, avec de grandes portées afin de rendre possible un futur réaménagement des locaux. Ces derniers pourront être modulés, soit en créant des locaux en façade avec une circulation centrale, soit en créant des locaux en position centrale avec une double circulation. Certains pourront faire 12 m2 et d’autres 100 m2. La trame très régulière est superposée au niveau des stationnements, des laboratoires, et du tertiaire, et pourra être reconfigurée dans une vingtaine d’années grâce à cette organisation structurelle. Au même titre, le rythme d’ouverture en façade ne sera pas régulier et sera aléatoire. La façade pourra donc être modifiée sans que la qualité architecturale n’en pâtisse. Toujours dans cette optique de flexibilité, les escaliers et ascenseurs seront stratégiquement positionnés.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Le permis de construire a été déposé début février, nous obtiendrons le permis de démolir début mars, et les travaux devraient débuter en octobre. Le calendrier est ambitieux, mais les maîtres d’ouvrage ont adapté leur programme au cours des différents dialogues qui ont eu lieu durant 8 mois et au sein desquels ils se sont beaucoup investis. Ils ont pris compte des plans et de leur propre enveloppe budgétaire et le projet est maintenant abouti sans qu’il n’y ait de remise en cause grâce à la forte implication des futurs utilisateurs.